Poitou-Charentes : quand industrie rime avec écologie

De la conception de produits à la revalorisation de déchets, Poitou-Charentes revendique une forme d'excellence environnementale pour conquérir de nouveaux emplois. Une nouvelle voie pour les industries françaises ?

De la conception de produits à la revalorisation de déchets, la région Poitou-Charentes revendique une forme d’excellence environnementale pour conquérir de nouveaux emplois. Une nouvelle voie pour les industries françaises ?

Imaginez un monde où circuleraient des voitures 100% électriques, où la production de matériaux respectueux de l’environnement serait la norme, où les matières premières seraient issues du recyclage, où l’on concevrait des carburants à partir de déchets, où l’on bâtirait des maisons en matériaux renouvelables.

En Poitou-Charentes, le développement de l’économie verte est affiché comme une priorité. A un rythme soutenu depuis dix ans, la région investit près de 20% de son budget dans les filières dites de « la croissance verte ». Soit un chiffre de plus d’1 milliard d’euros depuis 2004. Elle fait aussi davantage appel aux fonds européens FEDER dédiés au développement des énergies renouvelables, que d’autres régions en France.

De l’électricité locale et pas chère

La centrale solaire de Thouars, dans le département des Deux-Sèvres, en est un exemple concret. Elle ouvrira en 2014 et alimentera le territoire en électricité propre, produite localement, le tout à un prix raisonnable. Tout le monde y gagne !

L’électricité produite sera également utilisée pour alimenter le réseau ferroviaire, en pleine expansion dans la région. En effet, le développement du train y est également prioritaire. 738 millions d’euros ont été investis depuis 2004 en ce sens. La fréquentation suit, avec une hausse de 71% les huit dernières années.

Des trains à basse consommation

Des trains à basse consommation d’énergie ont été mis en service. Pour les alimenter, la région vise non seulement l’énergie solaire photovoltaïque, mais aussi les éco-carburants produits localement à partir de déchets. Autre originalité dans le domaine du transport : les voitures 100% électriques conçues et produites en Poitou-Charentes par le constructeur Mia Electric, dont la région est actionnaire à hauteur de 12%. La stratégie ? Développer une filière de production de véhicules pour sauvegarder des emplois industriels et permettre l’achat à bas coût d’une voiture électrique. Placé en liquidation judiciaire en mars, Mia Electric n’a pas rencontré le succès espéré. Et si plusieurs offres de reprise ont été présentées, cela prouve  que le chemin vers les éco-industries n’est pas toujours simple.

Des toits végétalisés avec des matériaux recyclés

A une autre échelle, les éco-filières se concrétisent également au quotidien par Biotop, un projet de valorisation de déchets et de limitation de l’impact de l’industrie sur l’environnement, coordonné par le pôle éco-industries de Poitou-Charentes. Chaque jour, l’entreprise Léa Nature à Perigny, spécialisée dans la conception et la vente de produits bio, se débarrassait d’une centaine de sacs de conditionnement. «Aujourd’hui, ces sacs sont récupérés par Biotop et revendus à la société Ovive, située à 800 mètres, qui les utilise pour transporter ses coquilles d’huîtres», explique Alexandre Derive, président du club des entreprises de Périgny, près de La Rochelle.

Autre exemple : le nouveau partenariat entre les Cafés Merling et l’Atelier du Végétal, tous deux implantés sur la zone industrielle de Perigny. Désormais, le torréfacteur cède à Biotop ses sacs à café en toile de jute, qui sont assemblés par deux dans un ESAT rochelais. Récupérés par l’Atelier du Végétal ils sont finalement utilisés comme tapis pré-végétalisé. A partir de marc de café, de coquilles de moules et d’autres déchets recyclés, un substrat a été mis au point avec le CRITT Horticole de Rochefort. Ce substrat allié au tapis pré-végétalisé a permis la création de Melting Pot, la première solution de toiture végétalisée 100% recyclée.

Au-delà de ces exemples concrets, le territoire du Poitou-Charentes a fixé pour 2020 des objectifs ambitieux : réduire de 30 % la consommation énergétique, produire 7 % de son énergie grâce aux énergies marines pour éviter l’émission de 122 000 tonnes de CO2/an. Egalement au programme :  la réhabilitation de 20 000 logements sociaux, avec l’appui des fonds européens (FEDER).

POUR EN SAVOIR +


Zoom sur le parc solaire de Thouars

Le parc solaire à Thouars par exemple, dans les Deux-Sèvres, qui entrera en fonction après l’été, garantit une production d’électricité photovoltaïque, proche du consommateur, à coût maîtrisé. S’étendant sur 16 hectares sur un ancien terrain militaire, le parc de 8,7 mégawatts (MW) produira l’équivalent de la consommation électrique de 100 000 habitants. Le financement du projet est original. Son investissement, environ 11 millions d’euros, a été financé en partie sur fonds publics. Pour cela, la région Poitou-Charentes et Solairedirect, premier opérateur français d’électricité solaire, ont créé une société d’économie mixte, baptisée Ester (Electricité solaire des territoires). La région détient 65 % d’Ester, Solairedirect les 35% restants. Le consommateur payera son électricité solaire moins cher que l’électricité traditionnelle, car la filière reste locale. L’électricité produite sera vendue de gré à gré à Séolis, une entreprise locale d’électricité, au prix de 105 euros le mégawattheure (MWh) les premières années, sur une durée particulièrement longue de 30 ans.


Et l’emploi dans tout ça ?

A petite ou grande échelle, le Poitou-Charentes fait avancer les éco-filières, à l’image de nombreux territoires français. Côté emploi, les résultats sont là, même s’ils demandent beaucoup de patience. Le poids des emplois « verts » agissant directement en faveur de la protection de l’environnement se situe à 3600 postes en Poitou-Charentes. C’est seulement 0,5% de l’emploi régional et conforme à la moyenne nationale. Mais ça décolle franchement si l’on élargit le spectre aux emplois « verdissants ». Ainsi, sur des métiers intégrant de nouvelles compétences liées au développement durable, on compte 102 000 emplois, soit 14,6% de l’emploi régional. Un chiffre, là encore, proche de la moyenne nationale (15,3%).


En savoir plus :

http://www.poitou-charentes.fr/croissance-verte-emploi/croissance-verte/index.html

http://www.pole-ecoindustries.fr/

Sources : CCI Poitou-Charentes (http://www.poitou-charentes.cci.fr/), Insee (http://www.insee.fr/), DREAL Poitou-Charentes (http://www.poitou-charentes.developpement-durable.gouv.fr/), Pôle éco-industries Poitou-Charentes (http://www.pole-ecoindustries.fr/), l’état en région (http://www.poitou-charentes.gouv.fr/)