La forêt française, sous-exploitée ?

Contrairement à la surexploitation mondiale de la plupart des ressources naturelles, le bois est sous-exploité en France, même largement.

Affirmatif. Contrairement à la surexploitation mondiale de la plupart des ressources naturelles, le bois est sous-exploité en France, même largement. Zoom sur cette ressource durable, à fort potentiel de développement. 

Voici un bobard. « Les récoltes de bois se sont intensifiées en forêt depuis quelques années et on récolte trop, plus que la forêt ne produit. » C’est faux ! À ce jour, les récoltes de bois en forêt française n’ont pas augmenté depuis plus de 20 ans et d’après les données de l’Inventaire Forestier National, la récolte annuelle reste inférieure à l’accroissement biologique. C’est une toute autre histoire au niveau mondial, où la déforestation prend effectivement des dimensions désastreuses. Environ 13 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année. C’est l’équivalent de la surface de l’Angleterre, soit 40 terrains de football par minute.

Toutefois, en France, la forêt pourrait facilement être exploitée un peu plus. La récolte forestière est évaluée à près de 42 millions de m3/an alors que la ressource bois représente un potentiel de plus de 86 millions de m3/an, soit plus que le double. La ressource bois en France est donc largement sous-exploitée. Un constat positif, car il existe un potentiel de développement important pour cette ressource naturelle, aux multiples avantages. On estime que d’ici 2020, 20 millions de m3 de bois supplémentaires pourraient être mobilisables.

Une opportunité pour les filières «made in France»

La forêt française, couvrant un tiers du territoire national, est la source d’une activité économique faisant vivre près de 450 000 personnes, en emplois directs et associés, dans quelques 100 000 entreprises, essentiellement réparties en milieu rural. Générant une cinquantaine de milliards d’euros de chiffre d’affaires, la filière «forêt-bois» est un acteur majeur de l’économie française.

Mais la France pourrait faire beaucoup mieux. Comment ? En exportant moins, et en transformant plus le bois. Aujourd’hui, la France exporte des grumes jusqu’en Chine et importe massivement des produits transformés, contribuant fortement au déficit de la balance commerciale. En gardant la transformation du bois en charpentes, meubles ou granulés sur le territoire français, des milliers d’emplois locaux durables pourraient être créés, dans le secteur de l’habitat et la construction, la décoration et l’ameublement, l’emballage, ou encore, le bois énergie utilisé comme source d’énergie alternative. Une opportunité non négligeable pour les filières «made in France».

Un argument qui suscite de l’intérêt à tous les niveaux. Il y a près de dix ans, l’État et des organisations professionnelles du secteur avaient déjà signé «l’Accord Cadre Bois Construction Environnement» s’engageant à faire progresser la part du bois dans la construction, du fait des qualités environnementales de ce matériau. Un engagement renouvelé en octobre 2013, quand le gouvernement a présenté le plan national d’action pour les industries de transformation du bois et la création d’un comité stratégique de la filière bois.

Produire plus de bois… durable

Evidemment, une exploitation plus importante de la forêt française nécessite avant tout une gestion durable. Car uniquement une exploitation raisonnée assurera de la matière en quantité inépuisable. A ce titre, l’Office National des Forêts (ONF) s’est engagé, avec l’ensemble des professionnels de la filière forêt-bois, dans le système de certification PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières, ou en anglais, Program for the Endorsement of Forest Certification). Cette marque imprimée sur les enveloppes que vous trouvez en grande surface et sur de nombreux meubles certifie la gestion durable des forêts. L’ensemble des forêts domaniales est certifié à ce titre et garanti entre autre un renouvellement par régénération naturelle en essences locales ou, s’il s’avère nécessaire, par la plantation.

 

POUR EN SAVOIR +


 Le bois éco-matériau…

Outre ses nombreux atouts (bon isolant thermique et phonique, facilité de mise en œuvre, maintien de ses caractéristiques mécaniques plus longue sous l’effet du feu…), le bois utilisé en construction combine les avantages d’un matériau permettant de stocker durablement du carbone. Un m3 de bois stocke environ 1 tonne de CO2, et ce jusqu’à la décomposition du bois ou sa combustion. À titre d’exemple, une maison en bois de 116 m2 correspond au stockage de 25 tonnes de CO2, ou l’émission en CO2 d’une voiture parcourant 225 000 km.

… et énergie renouvelable

L’utilisation du bois comme source d’énergie est neutre vis-à-vis du carbone : les émissions de CO2 liées à la combustion du bois sont compensées par la croissance des arbres dans les forêts gérées de manière durable, ce qui est le cas en France. Par ailleurs, lorsque du carbone sous forme de produit bois est utilisé pour la production d’énergie à la place d’une autre source d’énergie, des émissions de CO2 sont évitées.


 L’arbre mature et son utilisation

  • 60 % destination bois d’œuvre : parquets, charpentes, meubles…

o   30 % produits connexes de scierie

o   30 % bois d’œuvre

  • 40 % destination bois-énergie ou bois d’industrie

ONF, La gestion durable des forêts domaniales

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